Comptes Nationaux d'empreinte écologique
Depuis la création du concept d’empreinte écologique en 1994 parle Dr Mathis Wackernagel, actuellement directeur et fondateur du
GFN, plusieurs méthodes de calcul ont été développées au fil des années par la communauté scientifique et les praticiens pour rendre applicable ce concept à différentes échelles.
Toutes les méthodes se fondent en premier lieu sur des bases de données économiques et biophysiques issues des principales agences internationales (notamment celles des Nations Unies comme la Food and Agriculture Organization, l’International Energy Agency, etc). Ces données permettent l’établissement de "Comptes nationaux" d’empreinte écologique (National Footprint Accounts - NFA).
Comptes Nationaux, empreinte et biocapacité
L'empreinte, c'est ce qu'on prend...
- Les consommations de ressources (et incidemment les productions correspondantes de déchets) sont annuellement comptabilisées par des organisations nationales et internationales pour chaque pays selon la formule Consommation = Production domestique + Importations - Exportations
- L’empreinte écologique d'un pays se calcule en additionnant toutes les surfaces (exprimées en hectares globaux) dont il faudrait disposer pour fournir les ressources consommées et assimiler les déchets générés par la population de ce pays
La biocapacité c'est ce que peut produire la terre...
- La capacité biologique d'un pays est annuellement calculée à partir de données sur les surfaces exploitées, les productions recensées, les rendements nationaux et mondiaux.
- La quantité de ressources nécessaires aux activités humaines est ramenée à la surface biologiquement productive nécessaire pour régénérer les ressources consommées mais aussi pour assimiler les déchets
- Afin d’exprimer les résultats dans une unité cohérente et additive (hectares globaux), chaque surface est pondérée par sa productivité ("biocapacité") selon deux facteurs :
- d’une part, un rapport ("facteur d’équivalence") entre la productivité de la catégorie de surface considérée et la productivité moyenne mondiale de l’ensemble des terres (p.ex 1 hectare de culture vivrière est plus bioproductive qu'1 hectare de paturage)
- d’autre part, un rapport ("facteur de rendement") entre la productivité de la surface dans le pays considéré et la productivité moyenne mondiale pour cette catégorie de surface (1 hectare en zone tempérée est plus productive qu'une hectare en zone sèche)
La demande humaine agrégée (empreinte) et l’offre de ressources disponible (biocapacité) exprimées dans la même unité sont ainsi directement comparables l’une à l’autre. Les comptes nationaux fournissent une "comptabilité" de base sur ce que peut produire un pays (sa "biocapacité") et ce qu'il consomme (son "empreinte")
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Empreintes : exemples
- 1 tonne de poisson nécessite 25 hectares de mer biologiquement productive
- 1 m3 de bois de construction nécessite 1.3 hectares de forêt
- 1 tonne de CO2 (énergie fossile) nécessite 0.35 hectares de forêt pour être absorbée
Biocapacités actuelles
Surface de terre biologiquement productive (en milliards d'hectares)
Pâturages|4.6 Surfaces de pêche|3.2 TOTAL| 12.6||(22% de la surface de la Terre)
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Pour chaque pays, environ trois mille cinq cents données sont ainsi nécessaires à l’établissement des comptes nationaux. Issues d’organismes de référence, il semble raisonnable de penser que, dans l’ensemble, les données utilisées pour ces calculs sont fiables.
Créé à l’initiative du Dr Mathis Wackernagel, le Global Footprint Network (
GFN) poursuit depuis 2003 le développement, le maintien et la mise à jour des bases de données ainsi que des comptes nationaux. Ces tableaux sont disponibles sur demande auprès du
GFN (voir sur leur site) ; une participation aux frais de recherche est demandée, et calculée en fonction des moyens et de la mission de l'entité demandeuse (ONG, écoles et scientifiques payent par exemple peu, alors que le GFN demande plus aux collectivités et aux entreprises partenaires). LE GFN est en effet une association sans but lucratif basée à Oakland, en Californie.
Aux échelles infra nationales, deux méthodes sont utilisée pour décliner les comptes nationaux (voir
Approches Compound component), ce qui n'est pas sans poser de problèmes, car le périmètre d’application est souvent imprécis et les données statistiques fiables peuvent manquer à l'échelle inférieure.