NAMEA : National Accounting Matrix including Environmental Accounts

La matrice des comptes nationaux incluant des comptes environnementaux est une méthode de comptabilité environnementale qui a été proposée en 1994 par l'Institut Hollandais de Statistiques. Il s'agit d'un système comptable conçu pour représenter les interactions entre économie et environnement en réunissant dans un même tableau des comptes économiques et environnementaux de type physique. Les deux modules sont alors directement liés afin de permettre une lecture parallèle des principaux agrégats (production, consommation, etc.) et secteurs institutionnels (industries, administration publique, ménages) de la comptabilité nationale et des pressions environnementales qu'ils déterminent.

Le système NAMEA a été mis au point pour être appliqué au niveau national et au fil des ans, il a été expérimenté dans plusieurs pays européens (Pays-Bas, Danemark, Suède, Italie, France, etc.). Dans certains cas, des expérimentations ont été menées dans des collectivités territoriales plus petites (par exemple, les régions voire les communes). Un programme d'harmonisation des différentes expériences existe au niveau d'Eurostat pour obtenir une méthode unique.

Le modèle NAMEA se compose de 2 modules associés pour constituer une matrice :

• Le module économique (NAM) comporte des données monétaires issues des comptes économiques traditionnels (par exemple, consommations intermédiaires, valeur ajoutée, etc.) et qui reprennent les classifications statistiques utilisées dans le Système Européen des Comptes (SEC)

• Le module environnemental (EA) comprend des informations sur les pressions environementales exercées par les activités (production et consommation) et secteurs institutionnels pris en compte dans le module économique. Les données environnementales sont reportées avec des unités de mesure de type physique et sont représentées dans un véritable système de comptes (par exemple, le compte des émissions). Les types de pressions prises en compte peuvent varier. Les premières matrices réalisées tenaient exclusivement compte des émissions atmosphériques. Progressivement, des essais ont été menés sur d'autres éléments, les eaux (prélèvements, consommations, émissions de polluants dans les eaux) et les déchets.

La matrice peut être organisée de différentes manières mais les données du module environnemental et celles du module économique doivent toujours être cohérentes. En général, les tableaux Supply and Use sont utilisés. Le tableau Supply calcule toutes les ressources en mettant en évidence celles qui sont importées de territoires extérieurs alors que le tableau Use met en évidence les dynamiques de consommations intermédiaires, la valeur ajoutée produite, les consommations finales et les investissements.

Le système NAMEA se caractérise tout particulièrement par la possibilité de réaliser un budget environnemental avec des données monétaires et physiques déjà existantes, sans que de nouvelles informations soient nécessaires. En définitive, c'est une forme de réagrégation de données provenant de différentes sources (statistiques officielles, agences pour l'environnement, etc.) sous une forme matricielle permettant d'associer aux agrégats économiques des données de pressions environnementales correspondantes. L'utilisation de données qui n'ont pas été spécialement collectées pour la circonstance fait que le système NAMEA est peu coûteux mais introduit un élément critique, les sources de données étant différentes et, souvent, guère homogènes.