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Manger ou roulerManger ou rouler : faut-il choisir ?Par Laetitia ClavreulLE MONDE | 06.04.07 | 13h30 Pour son retour sur la scène internationale, Fidel Castro a choisi un sujet à la mode, les biocarburants, et un angle fortement discuté, leur concurrence avec l'alimentation. Par deux fois, il a abordé la question ces derniers jours, mettant en cause la coopération entre Brésil et Etats-Unis pour favoriser le développement de l'éthanol à l'échelle mondiale. La politique américaine conduirait à un "génocide" en aggravant la faim dans le monde, a-t-il estimé. Le dirigeant cubain est loin d'être le seul à s'inquiéter du développement actuel des biocarburants. Les Etats-Unis viennent d'annoncer qu'ils allaient augmenter la culture de maïs de 5 millions d'hectares en 2007 pour rouler à l'éthanol. Le boom de cette production pourrait avoir des "conséquences dévastatrices pour la pauvreté et la sécurité alimentaire mondiales" en provoquant une flambée des cours du maïs et autres denrées, selon une étude à paraître en mai dans la revue américaine Foreign Affairs. " Remplir le réservoir d'un 4 × 4 avec 94,5 litres d'éthanol pur nécessite environ 204 kg de maïs, soit suffisamment de calories pour nourrir une personne pendant un an", écrivent Ford Runge et Benjamin Senauer, professeurs d'économie, qui suggèrent notamment de développer la recherche sur d'autres biocarburants. Cette perspective fait déjà son chemin, car nul n'ignore que pour nourrir 9 milliards d'humains en 2050, il faudra doubler la production alimentaire, alors que les terres disponibles se raréfient. Il y aura donc concurrence entre denrées et biocarburants. Si l'utilisation du blé - principale source d'alimentation, avec le riz, au niveau mondial -, ou du maïs, indispensable pour le bétail, pose problème, c'est moins le cas pour la canne à sucre ou le coton. La recherche doit porter sur l'utilisation des résidus non comestibles (les tiges du maïs par exemple) et le développement de cultures spécifiques pour l'énergie comme le miscanthus, le swichgrass ou le jojoba. Les pistes existent, mais ces biocarburants de deuxième génération ne seront pas utilisables avant 2015. Jacques Diouf, directeur général de la FAO, l'agence spécialisée des Nations unies, est loin d'être aussi radical que M. Castro : "La problématique est complexe : les biocarburants sont à la fois un risque et une opportunité. Un risque s'ils se développent par substitution à la production alimentaire ; une opportunité s'ils offrent aux producteurs un revenu supplémentaire." 70 % de ceux qui ont faim vivent en milieu rural, souvent de l'agriculture. Comme le dit un conseiller du président brésilien, en réponse à Castro : "Le problème de la planète n'est pas une pénurie de vivres, mais de revenus."
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