Empreinte écologique: un enjeu fondamental de durabilité.

On parle souvent de l'empreinte comme un "indicateur", c'est à dire un outil technique qui calculerait de manière précise une tendance ou un état donné. Il est vrai que l'empreinte "indique" le dépassement que nous faisons peser sur la Terre par notre prédation de matières premières et nos rejets et pôllutions diverses. Mais l'empreinte est bien plus que cela...

Aperçu de ce que peut apporter l'empreinte

En tout premier lieu, l'empreinte écologique est une manière d'appréhender l'impact des activités humaines sur la planète, de manière simple et imagée : chacun comprend qu'on n'a qu'une planète pour vivre, pas besoin d'être un savant pour comprendre ces limites là.
L'empreinte permet ensuite de faire le lien entre les nombreux indicateurs existants qu'utilisent les décideurs et les sachants (bilan carbone, bilan matières, ACV...) et la durabilité au final de nos modes de vie.
L'empreinte permet aux décideurs (programmistes, urbanistes, aménageurs, entreprises et élus) d'établir des scénarios et d'effectuer ex ante une évaluation simplifiée de l'impact des programmes et politiques qu'ils comptent mettre en place.

L'empreinte permet enfin, et surtout, d'établir les bases d'un dialogue entre acteurs (élus, entreprises, citoyens, sachants...) et d'engager un processus d'amélioration continue : grâce à l'empreinte, les acteurs peuvent (ou non) décider de collaborer pour mesurer et améliorer l'empreinte de leurs modes de vie et de leurs actions. S'ils décident de collaborer, il leur est alors possible d'apporter leurs données, leurs façons de voir et mesurer les choses et de contribuer des idées. Ce processus, qui s'apparente à celui du développement des logiciels libres par des communautés apprenantes, permet d'affiner les calculs et d'approfondir les alternatives qui s'offrent à eux.

Bien sûr, l'empreinte est loin d'être parfaite. Elle ne mesure pas tout (voir ci-dessous). Elle n'est pas précise, en ce sens qu'elle cherche moins à établir une mesure à la virgule près, qu'à établir directionnellement les dépassements liés à nos activités et surtout en fonction des périmètres de responsabilité que chaque acteur souhaite assumer... ou ne pas assumer.

L'empreinte est une mesure de flux ramenée à un stock

L'empreinte traduit l'impact de l'humanité comme une ponction sur la quantité de matières renouvelables que la Terre produit et la quantité de déchets qu'elle peut absorber, ramenées sur un an.
Elle n'a pas vocation à tout mesurer et se limite à essayer de capturer une information sur des flux de matières renouvelables que nous prélevons chaque année : bois, cultures, poisson, viande, énergie...Les toxiques, les minéraux, et même l'eau sont exclus du périmètre de calcul.
L'empreinte est une mesure de flux, elle ne donne aucune information sur l'état des stocks : si notre prédation de poisson, par exemple correspond à consommer 3 fois ce que la Terre peut fournir chaque année, en revanche elle ne nous renseigne pas sur l'état des stocks restants.

L'empreinte pose la question du périmètre de responsabilité et permet de mesurer le changement

• Engagement individuel et collectif vers un but partagé (partageable) : vivre avec une planète
• Programmer et modéliser les systèmes (complexes)
• Appréhender et suivre les interdépendances
• Amélioration continue, participation et appropriation par les acteurs
• Mesurer les engagements
• Une mesure qui s'affine au fil du temps ... comme la responsabilité collective !

...vers un PIB vert ?

La question de fond : mesurer et restituer synthétiquement un PIB vert, légitimité et utilité d'un "PIB vert" ? Qui a intérêt / n'a pas intérêt à mesurer un "PIB vert" ?

• Phénomène NIMBY, personne ne veut assumer l'empreinte des autres.
• L'empreinte pase de plain pied la question des externalités et des interdépendances.
• Seule une action concertée en amont, impliquant les décideurs et les populations, peut permettre d'espérer réduire l'empreinte de plus de 50%. Il faut s'attaquer à la racine du problème : l'impact des systèmes complexes, qui s'auto-entretiennent, que bâtit l'humain. Nous savons que traiter les problèmes en fin de chaîne ne suffiront pas à réduire notre impact suffisament fort ni suffisamment vite.

Seule la nature pourrait se plaindre, mais elle ne parle pas, ou pas de manière intelligible pour tous !